Le retour de la gauche au pouvoir au Danemark serait-il le signe avant-coureur d’un renouveau socialiste sur le continent européen ? Difficile d’avancer quelque conclusion que ce soit avant les élections de 2012 en France et en Allemagne, mais pour les socialistes européens, nous sommes à la « veille d’un changement au-delà du Danemark ».
La première victoire en dix ans du « bloc rouge » (quatre partis de gauche) dans la république scandinave, le 15 septembre dernier, marquerait une « réaction de la population danoise aux tendances dangereuses, voire racistes et islamophobes, du précédent gouvernement de droite », estime Massimo D’Alema, ancien Premier ministre italien, qui dirige aujourd’hui la Fondation européenne d’études progressistes (FEEP), proche du Parti socialiste européen (PSE).
Le Danemark, qui avait été épinglé par la Commission européenne au printemps dernier pour sa décision de réintroduire les contrôles douaniers à ses frontières, pourrait revenir sur cette décision après la victoire de la gauche. La question reste en suspens pour le moment, mais c’est en tout cas ce que souhaitent les socialistes européens pour qui une gestion commune des frontières et une politique de l’immigration ouverte sont la meilleure réponse à la crise et une « alternative intelligente au vieillissement du continent ».
C’est justement sur les questions européennes que la gauche se veut la plus ambitieuse. La majorité des socialistes européens aujourd’hui déplorent que « l’Europe de Sarkozy et de Merkel ne joue aucun rôle sur la scène mondiale ». Massimo D’Alema estime que « la droite a certes compris les différentes peurs – immigration, économie…– des citoyens européens et a su les exploiter, mais n’a apporté aucune solution aux crises ».
Alors, quelles solutions attendre si un éventuel retour de la gauche sur le devant de la scène européenne se concrétisait ? Selon l’ancien Premier ministre italien, ce qu’il faut, c’est une « vraie politique extérieure commune, des investissements dans la recherche et le développement, une politique énergétique commune qui misera sur les énergies renouvelables et une politique ouverte de l’immigration », ingrédients indispensables pour une « renaissance européenne » qui empêchera le « déclin et la fragmentation de l’Union européenne ». Et d’ajouter qu’il faut que l’Europe repense aussi ses institutions et leur démocratisation. Une des propositions des socialistes est que chaque parti politique au Parlement européen propose son candidat à la présidence de la Commission européenne, et le parti qui gagnera les élections parlementaires européennes verra son candidat à la tête de l’exécutif européen – voire à la tête du Conseil – à l’instar, finalement, de toute élection nationale.
Sur le plan européen, les dirigeants issus de la gauche, comme Jacques Delors ou Romano Prodi, on fréquemment su prendre des décisions cruciales pour l’avenir de l’Union, bien que pas forcément toujours très « gauchistes ». C’est, par exemple, la Commission Delors qui est à la base du marché unique européen.
A l’heure actuelle, la droite reste majoritaire sur le continent. Si elle est encore très puissante à l’Est, la « vieille Europe », elle, commence à changer de bord. Outre le Danemark, ce sont quatre Pays fondateurs de l’Union Européenne qui, cette année, ont affiché des résultats plutôt à gauche. Il y a bien sûr la Belgique, qui pourrait bientôt avoir un Premier ministre socialiste. Ensuite l’Allemagne, la France et l’Italie, dont les gouvernements ont chacun à leur tour dû faire face à des défaites cuisantes aux élections régionales, sénatoriales et municipales, respectivement.
La chancelière Angela Merkel et le président Sarkozy se confronteront au choix de leurs citoyens dans le courant de l’année prochaine, tandis que l’échéance pour Silvio Berlusconi, qui a déclaré qu’il ne se représenterait pas, est 2013.
Les scandales sexuels successifs du Cavaliere, ses démêles avec la justice et la crise économique en Italie pourraient débucher sur un scrutin anticipé.